Chevrières

HISTOIRE



Le passé antique de la commune : des fragments de poteries et d'amphores auraient été trouvés vers l'actuel cimetière, on peut alors penser à  la présence d'une construction d'époque gauloise et/ou gallo-romaine dans les environs. Près de Chevrières, on a trouvé au début du XXe siècle, des objets datés de l'époque de la Tène ancienne et du Hallstatt (haches à talons, outils). Une ancienne voie commerciale secondaire empruntée au Moyen-Age, allant de  la vallée du Gier à Saint-Galmier, est connue pour traverser la Coise  à l'ouest du village, par un gué.


Le village est cité dès le XIe siècle. Le nom de Chevrières vient de Caprariis : (lieu où on élève les chèvres) ; son histoire est liée à celle de son château. Construit par la famille des Malvoisin vers 1198, le château de Chevrières passe au XIVe siècle à la famille Mitte de Chevrières en 1331. C’est une des plus anciennes et des plus puissantes famille de la région. Il encerclait alors totalement le village. En 1465, les Mitte vont habiter le château de Grézieu-le-Marché à la suite du saccage du château et du village, par les soldats de Jean II, duc de Bourbon. Le village est ravagé par la peste en 1586. Au XVIe siècle, le château est reconstruit et en grande partie transformé par Louis II Mitte : il supprime presque toutes les défenses et lui donne le style Renaissance. En effet, Louis II Mitte, ami de Louis XII et de François Ier participe activement aux guerres d’Italie où il ressentira là-bas les premiers souffles de ce courant artistique. Le château est ensuite vendu plusieurs fois ; il appartient actuellement à la famille De Boissieu. Peu à peu, les fortifications du château disparaissent, le bourg s’agrandit autour de l’église. Le parvis est transformé en place publique.



Le Roi de Chevrières


L'histoire locale du "Roi de Chevrières" est  retranscrite par l'abbé Charles Signerin pour le centenaire de la Révolution, Chevrières fut un centre de résistance royaliste en Forez pendant la révolution. Le texte est écrit à la gloire du Roi de Chevrières et de sa famille. Découvrez le résumé :
Entre 1793 et 1798, pendant la Terreur, alors que l'on guillotine dans toute la France, Antoine Croizier, un fermier aisé de la Badouillère, surnommé le « Roi de Chevrières » notamment du fait de sa ressemblance physique avec Louis XVI, mais aussi par son envergure de chef, dirigeait une milice locale en rébellion avec la brutalité du nouveau régime vis-à-vis des noblesses locales et du clergé.Plus de 2 000 personnes plus ou moins recherchées (notables foréziens, lyonnais et d'autres provinces encore) trouvèrent refuge dans les environs de Chevrières. Le Roi de Chevrières mena une lutte héroïque contre les troupes républicaines qui seront régulièrement dépêchées pour imposer la République par la force armée.
Antoine Croizier donnait asile aux proscrits, les arrachant aux exactions des soldats républicains, cachant ces exilés dans les grottes et souterrains des bois sur les collines de Montjassou et Chavarey (souterrains qui ne sont toujours pas localisés), menait des opérations de guérilla sur les unités républicaines qui osaient s'aventurer dans les monts du Lyonnais. Il détruisait systématiquement les symboles de la jeune république tels les arbres de la liberté censés remplacer les calvaires chrétiens. Ainsi, plusieurs dizaines de gardes républicains seront abattus par les francs-tireurs royalistes lors d'actions contre ces symboles républicains ou lorsque les républicains tenteront de détruire des calvaires. Les représailles, fermes incendiées et exécutions sommaires, seront courantes.
Plusieurs années durant, toute la région de Chevrières sera le théâtre de violentes escarmouches et d'embuscades meurtrières entre la milice royaliste et les troupes républicaines (les "bleus" révolutionnaires contre "les blancs" royalistes), à tel point que les républicains finiront par ne plus s'aventurer dans cette région, notamment après un épisode sanglant où treize soldats d'une compagnie dépêchés depuis Saint-Étienne tombent sous les balles de mousquets dans une embuscade dans le vallon de la Gimond. Laissant de fait, le terrain aux royalistes, la jeune république a par ailleurs fort à faire aux frontières et dans de nombreuses autres provinces, ce qui aura pour conséquence immédiate une bizarrerie locale au niveau des nouveaux cadastres issus de la Révolution… Chevrières sera alors appelée "la petite Vendée", les lois n'étant appliquées que partiellement, en particulier en ce qui concerne la religion (curé assermenté) et l'obligation faite de désacraliser l'église paroissiale.
L'Assemblée Nationale sous la demande de la Convention nationale, inquiète de la tournure que prenait cette rébellion et pour éviter qu'elle ne fasse des émules (Lyon vivait aussi des troubles difficilement maîtrisés, les forces royalistes dont Croizier ont même tenté de se fédérer avec les Vendéens) ordonnera de mettre fin définitivement à cette révolte. La commune de Saint-Étienne forma un bataillon de plusieurs centaines d'hommes (la 105e demi-brigade d'infanterie de ligne) épaulé par des renforts de hussards de la cavalerie commandés par un certain Elie, et de pelotons de gendarmes venus de Montbrison, Feurs, Roanne, Chazelles et Lyon. Une bataille sanglante eut lieu dans les bois près du château de Montuclas, qui servait de base arrière au Roi de Chevrières et qui sera saccagé par les hussards, puis des pillages et des rançonnages par les troupes républicaines (que la préfecture de Montbrison condamnera avec lenteur par la suite), et une chasse à l'homme qui dura plusieurs jours. Un gendarme sera tué durant l'assaut sur Montuclas d'un tir de mousquet royaliste, le commandant Elie sera lui aussi grièvement blessé. Les royalistes sont vaincus ou se rendent, réalisant que la lutte est vaine devant la détermination affichée. Le nombre de victimes de part et d'autre durant cette insurrection n’est pas connu. Ce qui est sûr c'est que la République devra attendre 1798 pour s'implanter dans les monts du Lyonnais, après avoir payé le prix fort.
Ce n’est que bien plus tard durant la Seconde Restauration, Louis XVIII, curieux de connaître ce singulier personnage, recevra le Roi de Chevrières et ses frères lors d'un mariage d'une de ses cousines à Tarare, et leur octroiera en remerciement de leur loyauté à la couronne, une rente de 900 francs (somme rondelette pour l'époque). Il demandera par la suite régulièrement des nouvelles de "son cousin le Roi de Chevrières". Cette rente fut supprimée à l'avènement de Louis-Philippe. Ruiné par cette aventure utopiste, le Roi de Chevrières fut contraint de céder son domaine. En 1825, il meurt à Saint-Étienne, dans la pauvreté.